Des prothèses très controversées



Le cas Oscar Pistorius


Oscar Pistorius, est un athlète Sud-africain amputé des deux tibias. Sa qualification aux épreuves d'athlétisme pour les Jeux-Olympiques de Londres a suscité de nombreuses réactions. Certains pensent que du fait de sa prothèse, l'athlète est favorisé par rapport aux valides, autrement dit la prothèse lui conférerait un avantage.
Pour comprendre les motivations de ce débat, nous avons cherché à analyser d'un côté les avantages et de l'autre les inconvénients que procure une prothèse de course.


Les avantages 


·         Une prothèse pèse environ quatre kilos de moins qu'une jambe naturelle ce qui permet au coureur de repositionner ses jambes plus rapidement qu'un coureur valide et de ce fait de gagner en rapidité et en économie d'énergie.
·         Contrairement aux pieds des coureurs valides, la prothèse n'est pas soumise à la fatigue neuromusculaire. Ce qui explique pourquoi les invalides, désavantagés lors de la phase du départ (voir plus bas) rattrapent leur retard sur la fin de la course.
·         Un athlète qui porte une prothèse ne risque pas de se blesser à la jambe, par conséquent le risque d'entorse ou toute autre blessure qui empêche la pratique du sport est éliminé.


Les inconvénients



·          Un coureur invalide ne possède plus de capteurs sensoriels (qui se trouvent sous la voûte plantaire), contrairement aux athlètes valides, il ne perçoit plus la sensation du sol (inclinaison de la piste, équilibre)
·          Lors du départ, un coureur possédant une prothèse doit se redresser dès le début pour ne pas tomber, ses jambes le poussent alors vers l'avant mais aussi vers le haut. Il accélère donc beaucoup moins rapidement qu'un coureur valide qui débute la course à la limite du déséquilibre pendant plus de 30 mètres. Toute la puissance de ses jambes le pousse en avant, lui permettant d’accélérer et d’atteindre très vite une vitesse de pointe avant de se redresser.

Un athlète possédant une prothèse doit compenser l'absence de muscle dans sa jambe en faisant davantage travailler ses fessiers.
  
Du point de vue légitime, la règle 11402 concernant l'utilisation d'aide technique au cours d'une compétition interdit "tout dispositif technique incluant des ressorts, des rouages, ou tout autre élément qui confère un avantage à un athlète par rapport à celui qui n'en utilise pas". Cependant jusqu'à présent, aucune étude n'est parvenue à prouver que la prothèse de course conférerait un avantage au coureur qui en porte face à un autre qui n'en porte pas. Certaines ont tenté de démontrer les deux premiers avantages exprimés au-dessus mais ne sont pas arrivées à des résultats concluants. 

·         Pour ce qui est de la dépense énergétique durant la course, une étude a testé les échanges gazeux au cours d'un effort comparant un athlète portant une prothèse et un valide. Les résultats montrent que la dépense énergétique d'Oscar Pistorius est plus faible de 4 à 7% en comparaison à celle d'athlètes élites. Toutefois, sur la base d'un seul cas il est très difficile de conclure sur le bénéfice ou non des prothèses au niveau de la dépense énergétique. 
·         Pour ce qui est de l'endurance de la course, une étude a comparé celle d'un athlète valide et d'un athlète invalide. Les résultats ont montré que les vitesses maximales des sprints d'un athlète invalide diminuent en fonction de la durée de la même manière que pour les athlètes valides.
                                                                                        
Ainsi, le débat soulevé par la participation de Pistorius aux compétitions valides ne peut trouver de réponses concluantes sur la base de quelques études dont le nombre d'athlètes amputés des deux tibias est très faible.
                

Des prothèses cependant très contrôlées

La morphologie des prothèses doit s'apparenter au maximum à celle d'une jambe naturelle.  Les prothèses des athlètes sont vérifiées avant chaque course, ce système de contrôle a été mis au point en concertation avec les athlètes, les entraîneurs et les fédérations. La taille maximale des prothèses est calculée grâce à une formule mathématique, fondée sur la longueur de l'avant-bras du sportif et sur la distance qui sépare la poitrine de l'extrémité des moignons. 

Controverse au sein même des porteurs de prothèses de courses

                  


L'estimation de la taille du pied prothétique est mesurée en fonction d'une formule mathématique. C’est en fonction de la longueur de l'avant-bras et de la distance entre le sternum et l'extrémité du moignon que le pied prothétique est mesuré. Il y a une marge de 3.5% sur le résultat trouvé car on prend en compte le fait que le sportif amputé n'a pas d'orteils pour courir.

Cette formule a été déterminée par des entraîneurs, des fédérations et des athlètes ; elle a été confirmée par le CIP, Comité International Paralympique qui est responsable des contrôles pendant les Jeux Paralympiques.


Or, lors de la finale du 200m le 5 Mai 2012 aux Jeux Olympiques de Londres, Oscar Pistorius a contesté la victoire du brésilien Alan Olivera car les prothèses du vainqueur sont plus longues que les siennes.



  Le directeur médical et scientifique du CIP, Peter Van Der Vliet défend la formule mathématique des prothèses "le système est le meilleur possible" .
Cependant, les équipements concernant les athlètes amputés ne cesse d'évoluer. La polémique concernant les prothèses de courses n'est pas finie, " On ne peut pas comparer les lames ou les prothèses, elles sont toutes uniques" car elles sont fabriquées sur mesure, explique M. Van Der Vliet.                      

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire